Glandage post nuit-blanche...

-Bon, vous me les donnez, ces potions lunaires, ou vous attendez que je préfère aller voir chez votre voisin ?

Bon oui, j'étais d'assez mauvaise humeur. J'avais le droit, non ? Entre l'auberge que j'adorais déjà qui se fait réduire en poussière par une machine décérébrée, le tenancier égorgé, If qui a disparu sans prévenir et qui ne répond plus, mon Maître qui reste également silencieux, et maintenant ce marchand qui passe trois siècles à mettre la main sur la marchandise, ma patience était à bout ! Et ma main traînait dangereusement du côté de Lamielle...

Fort heureusement, le type chauve parvint enfin à trouver où il avait rangé son stock de potions de mana, et me tendit les trois fioles que j'avais demandé avec une agacement qui semblait à peu près proportionnel au miens. Je m'en emparais d'un geste rageur et déposais avec des gestes exagérés ses neuf pièces d'or sur le comptoir, avant de faire volte-face avec ce qui était sensé s'apparenter à du mépris - je n'étais pas sure du résultat - et de m'éclipser dans la grande rue commerçante.

Le soleil rayonnait de façon surprenante, me forçant à plisser les yeux. Que la nuit était agréable, comparée à cette lumière et cette chaleur hautement désagréables ! D'autant que la nuit passablement mouvementée qui venait de passer m'avait épuisé aussi surement que si je n'avais pas dormis du tout. J'y avais ceci dit gagné une potion de vitalité et quelques pièces d'or (remises par le blond, qui s'était avéré n'être pas moins que le prince du Royaume !). Le moment où il s'était dévoilé, remerciant chacun de nous en nous remettant une "petite" récompense, j'avais entendu mon Maître ricaner. C'était la dernière fois que je l'avais entendu.

Pensive, je dus avouer ne pas savoir que faire ni où aller, et déambuler sans but dans les rues durant plusieurs minutes. Puis je m'immobilisais. J'étais venue ici pour faire du tourisme ? Certainement, du moins en partie. Mais si je pouvais mettre la main sur des infos intéressantes, cela rentabiliserait mon voyage jusqu'ici. Et que cherchais-je ? Des Esprits avec qui lier contrat.

Une fois ceci bien clair dans mon esprit, je pris la direction des Temples, lieux intimement liés à la magie.

Shana :
-9po
+3 potions de lune

L'aube venait de se lever en même temps que les habitants de la capitale. Un doux vent venait rafraichir les esprits de ceux qui se précipitaient pour aller travailler... Le quartier commercant, Le lieu le plus bondé et le plus bordélique du royaume. Des allées longues et étroites comme pas possible, remplies d'échoppes, de marchands et de consommateurs, évidemment. C'était aussi le meileur Moyen de faire des affaires, les habitants du Misanris étants quasiment tous sensibillisés par les evenements ayant eu lieux il ya une centaine d'année.

"les Edralfs, les Behemoths, Des guerres à n'en plus finir, Les massacres perpétués, des conflics sanglants entre les clans et j'en passe. Les Asukas... Le clan le plus craint de toute l'histoire du misanris. Il avait beau etre constitué de peu de membres, Chacuns étaient considérés comme les êtres les plus sadiques, déjantés, malades mentaux, brutaux et dangeureux sur terre. Faisant pleuvoir touts les malheurs du monde sur leurs cibles, par pur plaisir. Des hordes de morts vivants, des incendies a grandes echelles, des destructions massives de villages entiers, des assaults sur le royaume... Les grands dirigeants de ce clan étaient les frères Kyomu et Satsugai, ce dernier étant mon père. Les deux hommes qui ont donné tout leur sens au mot "terreur". On raconte qu'ils étaient capables de torturer à mort des êtres humains rien qu'en leur accordant un regard.

Je ne sais pas énormément de choses sur lui, juste ce qu'il était et ce qu'il représentait aux yeux des autres. Il faut aussi avouer que le nombre de personnes pouvant se vanter de l'avoir connu sans être mort se comptait sur les doigts d'une seule main. Des rumeurs courent aussi au sujet de sa mort, il aurait apparament été tué au combat face a un Archange, un dénomé Shio. Mais c'est le genre d'information à prendre avec des pincettes; Cela ressemble plus a une légende qu'autre chose. Probablement la terreur qui a boulversé les habitants a imaginer un Nemesis crée de toute pieces. J'imagine bien le schéma: Un ange habillé de couleur claire, des ailes d'anges qui rivaliseraient avec celles de mon père, une determination et une gentilesse à toute epreuves. Plutot étrange cette histoire, mais peut-être pas totallement fausse..."

Shikei se trouvait sur un toît. Assis de façon peu confortable, il scrutait chaque action qui se déroulait au Quartier commercant jusqu'a ce que son regard fut porté vers une scène intéréssante: Une bagarre entre deux commerçants: Parfait pour appliquer le "buisness moment" de la journée. Shikei se laissa glisser sur le toît a la manière d'un surfeur pour redescendre en bas, debout, bien sur. Sa déscente s'était faite discrète si on la comparait au poissonier gueulard du coin, il fit craquer ses doigts et s'approcha de sa démarche décontractée si caractérielle en direction des deux grosses masses qui se battaient.



Shikei, qui n'appréciait pas forcément attirer l'attention, réussit tout de même a creer un petit cercle de gens interressés par la scène. L'un des marchands bagarreur s'était arrété et déviseaga le beau parleur, qui était d'ailleurs en train de lui lancer un sourire aussi vicieux que moqueur. le marchand serra les poings et s'appretait a impregner la marque de ses bagues sur la joue du jeune troubleur de fêtes. Quand soudain, l'autre marchand se mit a étrangler son rival en lui assénant une phrase typé du genre "N'essaye pas de détourner notre combat et continue !!": Quel manque de classe. Shikei afficha une mine déçue, pas de bagarre a trois pour aujourd'hui on dirait...

Quoi qu'il en soit, le fumeur avait bien remarqué les petits étalages sans marchands qu'étaient les leurs. Des fringues... Des fringues plutot moyennes dans l'ensemble, en tout cas il y avait des chemises et des pantalons en toile ! Allez, on prend: Il dégota un petit sac et y mit toutes les affaires qui l'interressaient. Hop c'est emballé. Par courtoisie, il laissa quand même un petit mot de remerciement aux vendeurs...

-Hey merci les gars !

...Et repris la route vers d'autres échoppes. Les témoins de la scène avaient du mal à en croire leur yeux. Probablement le coté Chic, Posé et Buisnessman de Shikei qui les éblouissaient. Oh mais ce genre de truc c'est a la portée de tout le monde ! Vous pouvez essayer vous aussi, ça demande pas de materiel.

Shikei était très content aujourd'hui, les affaires commençaient très bien. Espérons que ça continue comme ça. Un magasin de potions ! ..Et une file d'attente assez longue devant le magasin en question. tant pis, le fumeur alla voir ailleurs... Une fille bien brutale passa devant lui en coup de vent avec une démarche frustrée et agacée.

-Hé j'te reconnais toi ! T'es la fille de tout a l'heure ! Ecoutes, je vais te dire franchement, moi je voulais que ça soit toi qui tombe sous mon charme, pas ton piaf. Il me suit depuis ce matin, dit lui de me lacher !

[dsl pour le retard, post un peu délicat ^^']

-Mon piaf ? If ? lâchais-je en me retournant vers le type qui venait de m'interpeller - cette voix...

Avant même que j'ai pu voir le visage du type, If vint se poser vivement sur la lame de Lamielle, au-dessus de ma tête.

-Te voilà, toi, dis-je un peu sèchement. J'aimerai bien savoir ce qui t'a pris...

Juste avant de dévisager celui que je devinais être le "dragueur" lamentable de cette nuit, sa voix et sa façon de parler n'ayant strictement pas changé en quelques heures. Dès que je posais le yeux sur son visage, cependant, je reçu en même temps une vision envoyée par mon Maître. Le visage du guerrier ailé sur la Grande Place, sous la neige, le guerrier aux ailes noires. Son visage, sous mes yeux, se superposa presque trait pour trait à celui du jeune homme qui se tenait devant moi.

-Tu es... son fils... ? soufflais-je, douchée.

Je ne sais si il m'avait entendu. En tout cas, mon opinion sur lui venait de changer du tout au tout. Enfin presque. J'estimais toujours aussi pitoyable sa prestation de la nuit, mais le voir à la lumière du jour me permis de le voir d'une autre façon - tout à fait mon genre -, et cette ressemblance incroyable avec le guerrier ailé du souvenir m'intrigua énormément. Et d'ailleurs, pourquoi diable mon Maître m'avait-il envoyé cette vision ?

-Amène-le au Manoir, retentit soudain la voix de mon Maître dans ma tête, grave et sérieuse, mais avec une touche de satisfaction décelable.
-Maître ?
-Amène-le Shana. Confirma-t-il. J'ai des choses à lui apprendre sur son père, qui fut en son temps le seul que j'estimais comme un "ami", du moins ce qui s'en approchait le plus. Et il lui a laissé un petit héritage que je dois lui remettre en mains propres. Amène-le. Laisse-moi une minute pour préparer un petit quelque chose pour lui, et présentes-toi, ça devrait le motiver un peu...

J'étais abasourdie. L'autre dû s'en rendre compte, car il approcha une main de mon visage, la secouant devant mes yeux, ponctuant le geste d'un "Eh ben ? Je t'éblouis ou quoi ?" que j'ignorais. Il me fallu dix bonnes secondes pour parvenir à me reprendre. Mon Maître m'avait donné une mission, je me devais d'y répondre.

-Merci pour ton aide de la nuit dernière, lâchais-je enfin. Le fait de savoir en partie à qui j'avais à faire m'aidait à ne pas trop m'arracher la gorge en me remémorant les phrases minables de type. Puis, jugeant que mon Maître devait avoir eu le temps de préparer son "petit quelque chose", je repris : je m'appelle Shana. Shana Ilyasvel, fille spirituelle de Kyrian Ilyasvel.

Je perçu aussitôt dans ses yeux l'étincelle de magie du souvenirs, juste avant que ce même souvenir ne se superpose à ma vue également. Décors de pierres, éclairage bleuté, aucun doute possible, la scène se déroulait dans l'Enclave du Nécromancien. Un souvenir que je n'avais jamais vu, alors que je croyais que mon Maître m'en avait montré tous les importants. L'explication survint juste après : deux personnes discutaient dans la bibliothèque de l'Enclave. Mon Maître et une autre personne qui lui tournait le dos, aux longs cheveux d'un noir de jais et au long manteau noir, un sabre fixé à la diagonale à l'arrière de la ceinture. Apparemment, c'était une discussion plus ou moins normale, voilà pourquoi mon Maître ne me l'avais jamais montré. Je savais déjà que quelqu'un d'étranger à l'antique Guilde des nécromanciens était entré dans l'Enclave, mon Maître m'avait raconté il y a bien longtemps qu'il y avait invité une personne de confiance.

Puis l'homme aux longs cheveux se retourna, plongeant son regard d'un bleu d'azur dans celui de mon Maître. Je reconnu aussitôt les traits du guerrier ailé de la Grande Place.

-Dire qu'il n'y a pas si longtemps, je te prenais pour un nécromancien amateur et un simple mercenaire... Tu parvins toujours à me surprendre, Ilyasvel. Dit-il d'une voix posée.
-C'était la belle époque, tu ne crois pas ? Où je t'appelai encore "cher employeur"... C'est maintenant qu'il m'aurait fallu être embauché par le clan, à présent que tu es à la tête du clan Asuka. répondit mon Maître.
-Il est vrai que tes services seraient louables, en effet, ricana l'homme avec un sourire narquois. Je suis bien satisfait de te compter parmi mes rares proches, Kyrian.
-J'en déduis que mon armée de morts-vivants et les malédictions que j'ai lancé sur Muzai te conviennent toujours, Akaiken Satsugai ?

L'homme ainsi nommé eu un sourire en coin, et son regard vira soudain au rouge sang... Fin du souvenir.

J'en restais pantoise. Le regard de l'homme m'avait figé, parcourant mon corps d'une onde glacée. Ainsi cet homme était Satsugai, ancien chef du clan Suzaku... Mais alors le garçon en face de moi était son fils...? Le fils d'un homme devenu légendaire ? D'ailleurs, le fils en question était encore absent. Le souvenir continuait-il, pour lui ? Non, je ne voyais pas l'étincelle magique dans ses yeux. Prudente, je posais la main sur son épaule pour le faire revenir à lui. If croassa sur son perchoir mais ne bougea pas.

-Fils d'Akaiken Satsugai - faute d'avoir son nom -, suis-moi, mon Père et Maître souhaite te voir et, selon ses termes, te remettre ton héritage. Il a des choses à te dire. Prépares-toi à voyager un peu.

Car il était vrai que le Manoir Ilyasvel n'était pas tout proche... mais alors pas tout proche du tout !

Un souvenir. Une scène du passé. L'étincelle dans les yeux, Shikei venait pour la première fois de voir le visage de son père tel qu'il était réellement, un peu comme un enfant verrait pour la première fois une scène d'amour au cinéma. Son coeur battait... Jusque là, Satsugai, n'était qu'une image aux yeux de Shikei; l'image de la seule personne envers qui il éprouvait du respect, l'image de la personne qu'il aimait plus que tout, et cette image venait d'apparaitre, concrètement cette fois-ci, dans ces mémoires projetées par la magie. Un court extrait qui parut s'étendre des heures entieres aux yeux de Shikei. Et si ce n'était pas un souvenir ? Si tout ce que Shikei était en train de voir n'était qu'un simple rève ? Quoi qu'il en soit, Shikei ne savait pas ou il se trouvait réelement, mais il y était, et c'est bien la première fois qu'il put ressentir de près ce sentiment que l'on appèle "Bonheur". Malheureusement, Le Bonheur était un sentiment bien éphèmère, trop éphèmère...

Un sourire, et puis plus rien. Pitié que celà ne soit pas un sourire d'adieu... Le jeune homme repris conscience, un reveil brusque, il était figé, tout venait de se terminer. Des minutes s'écoulèrent, Shikei restait immobile, paralysé par les sentiments. Cet homme, Lui, Il était parti, encore... Threnodya était partie, elle aussi. Tout était parti, laissant place à ce monde ignoble et cette vie solitaire... Le plus malheureux c'est que l'on se rend compte de la valeur d'une chose qu'une fois celle-ci disparue. Même l'homme le plus cruel sur terre pouvait avoir de la valeur aux yeux d'une personne.

Des lamentations et des Chagrins à n'en plus finir, voilà ce qui traversait l'esprit de Shikei pendant cette immobilisation. Le jeune homme se débrouillait bien pour masquer tout ce desespoir derrière son air impassible, voire las. Le temps s'était arrété, Il n'y avait que lui et ses démons interieurs. Les aiguilles se mirent à nouveau en marche lorsque qu'une main toucha l'épaule de Shikei, une main aussi douce qu'une plume d'oiseau mais aussi froide que la mort elle-même. Puis une voix, féminine et chaleureuse à la fois...

-Fils d'Akaiken Satsugai, suis-moi, mon Père et Maître souhaite te voir et, selon ses termes, te remettre ton héritage. Il a des choses à te dire. Prépares-toi à voyager un peu.

Un héritage ? Mon père, même mort, pense donc encore à moi... Si je suit cette fille, j'en saurais peut-etre enfin plus sur mes parents. Je pense que ça vaut le coup. De toutes façon, j'aime les imprévus. Le fumeur, se considérant comme étant déjà prêt, se racla la gorge un coup puis s'addressa à la magicienne:

-Eh bien pour une surprise, ça c'est une surprise dites-donc. Eh ben, je te suis ma belle !